Certaines personnes étaient fait pour être sociable. D’autres ne l’étaient pas. Ha Reum  se considérait faire partie de la seconde catégorie. 

‘‘- Elle parle pas beaucoup la nouvelle !’’

La nouvelle, déjà elle avait rien à lui dire. Deuxièmement, même si elle avait quelque chose à lui dire, elle en aurait rien à faire de sa réponse. Troisièmement, elle ne l’aimait pas. Et enfin, et pas des moindres, elle parlait mal le japonais, une langue dont elle n’avait eu le temps que d’apprendre les rudiments avant d’embarquer dans l’avion l’ayant arracher de sa terre natale, Busan. En fermant ses paupières, les maisonnettes colorés des hauteurs de la ville apparaissait dans son imaginaire. Le bruit d’une craie s'abattant avec beaucoup de vigueur sur un tableau fut remplacer par le bruit des vagues. Elle y avait vécu depuis sa naissance, jusqu’à ce qu’on son père ait cette stupide mutation dans l’archipel. La famille ne pouvait pas se permettre de perdre le précieux salaire du père de famille, alors tout le monde avait fait ses valises. Maintenant tout le monde vivait dans une grande maison, agréable et pouvait se permettre des luxes qu’ils ne pouvaient pas avant. Mais Ha Reum regrettait son pays, sa nation, sa terre natale, Busan. Le bruit des vagues reprit la forme d’un crissement de craie et c’est avec un soupir que la coréenne tenta de reprendre le fil de la leçon.

Le professeur expliqua vainement une notion qu’Ha Reum ne réussit même pas à noter sur ses feuilles volantes. Le japonais avait cette particularité d’utiliser des signes ne servant strictement à rien hormis d’embêter des braves immigrés n’ayant rien demandé à personne. La sonnerie se fit finalement entendre et c’est avec un certain soulagement que la coréenne attrapa son sac en direction de chez elle. Quelques changements de bus plus tard, le visage de sa mère apparaissait enfin dans son champ de vision.

‘‘Comment ça c’est passé ta journée, ma chérie ? Demanda sa mère en la voyant arriver.
- Bien, bien, répéta l'adolescente en se servant dans le frigo
- Cela se passe bien avec les autres élèves ? Continua sa mère.
- Oh, des vrais anges … soupira l'adolescente.’’

Un matin, elle avait trouvé quelqu’un devant son casier. Cette dernière avait voulu lui glisser un cahier avec des traductions à l’intérieur. La coréenne s’était présenté devant elle et avant même qu’elle ne puisse dire un mot, sa camarade de classe avait prit peur. On la trouvait effrayante. Ils ne savaient pas qu’elle les trouvait bien plus effrayant. 

Son cursus scolaire s’était passé sans trop de heurt de particulier. Lors de son orientation, la plateforme internet s’était révélé plus compliqué que prévu. Si bien que plutôt de demander en premier vœux une bi-licence transcription japonnais-coréen, elle s’était retrouvé dans un BTS de managament. Il fut accepter. Elle fit avec. Le management n’était pas si horrible que ça en fin de compte. Son père lui avait assuré qu’il n’y aurait aucun problème à financer ses études. Elle prit goût à ses cours. Le secret des tableaux excels, du langage corporel, le classement d’éléments, la gestion de groupe, les notions de droits de l’entreprise firent rapidement partis de son quotidien. Ses professeurs étaient plutôt positif sur le travail qu’elle fournissait avec sérieux et rigueur mais se montraient plus réserver sur ses travaux écrits. Ha Reum avait beau chercher à écrire avec le plus d’idéogramme possible, elle hésitait à chaque fois entre différents caractères et finissait par écrire en écriture cursive pour gagner du temps. Parfois, lors des travaux de groupes, on se permettait de lui faire une réflexion sur l’écriture de tel ou tel mots mais en levant les yeux pour regarder son interlocuteur, ce dernier ravala durement ses paroles et se mit à regarder étrangement sa feuille. Peut être qu’Ha Reum n’aurait pas du se teindre les cheveux en blonds ? On la trouvait toujours autant effrayante. Sourire aurait pu peut être la solution, mais Ha Reum n’aimait pas sourire hypocritement. Les travaux individuels comme collectifs s’étaient multipliés. Elle avait fini par en perdre le compte. Après trois ans d’études, son diplôme trouva fièrement place dans le salon de ses parents, encore plus fiers que leur fille. Maintenant, c’est le marché du travail qui l’attendait. Les entretiens se multiplièrent, les refus aussi. Ses pas finirent par la mener en Corée-du-sud, le pays que ses parents avaient du quitter quelques années plus tôt. Elle estimait que le travail était une bonne excuse pour y retourner. En posant les pieds pour la première fois depuis des longues années sur sa terre natale, elle se rendit compte à quel point elle avait changé. Elle n’était plus cette adolescente ayant dû dire au revoir à ses amies les larmes aux yeux. Elle n’était plus cette adolescente n’osant pas répondre à ce qu’on pouvait dire sur elle. Elle était PARK Ha Reum, et elle ne reculerait plus.

Ha Reum enchaina emplois après emplois, souvent dans des petites entreprises. Elle s’occupait la plupart du temps des comptes et des planning. La gestion du personnel ne l’intéressait que peu. Elle préférait laisser ça à la ressource humaine, quand bien même elle avait apprit à gérer cela. Sa vie suivait son petit train-train quotidien. De temps en temps, on lui faisait une réflexion à quoi elle répondait par une réplique cinglante ou un regard noir subjectif. Ha Reum savait se faire respecter.

Sa vie prit un nouveau tournant en décrochant sont téléphone un soir d’hiver. Sa mère était en larme. Son père avait été suffisamment idiot pour emprunter, au cours de toute ses années passés au Japon, de l’argent à des personnes plus ou moins scrupuleuses. Ce fut la douche froide pour Ha Reum. Sa mère au téléphone, elle s’était assise un moment chez elle à fixer le mur de son appartement. La nuit avait été courte. Au petit matin, elle avait eu son père au téléphone. Il avait voulu leur donner un meilleur cadre de vie, les remercier de leur sacrifice, de ne pas l’avoir abandonné à l'annonce de sa mutation. Il avait eu si peur de perdre sa famille quand on lui avait annoncer une mutation aussi radicale.

Comment Ha Reum pouvait-elle en vouloir à son père ?

Alors Ha Reum quitta son emploi. Il fallait qu’elle en trouve un qui paye mieux et qui ne sous-exploite pas ses capacités. Son emploi actuel ne suffirait pas, il fallait qu’elle trouve mieux. Fini les petites entreprises, elle devait viser haut. Elle était sortit d’une excellente formation. Avoir de l'ambition ne lui faisait pas peur. Parmi toutes les demandes qu’elle fit, une seule grande entreprise lui proposa un entretien : la JOY PLAY. Ils avaient besoin d’une personne sérieuse et professionnelle, n’ayant pas peur de s’imposer dans la gestion d’un groupe. Cela lui correspondait parfaitement. C’est en arrivant sur le lieu de l’entretien qu’elle se rendit compte que c’était une agence d’idolisme.

On lui demanda si elle savait faire des tableaux. Elle répondit à l’affirmative. On lui demanda si elle avait des notions de gestion de groupe. Elle hésita avant de répondre à l’affirmative. On lui avait appris à gérer les groupes. On lui avait appris ses politesses inutiles. Elle pouvait le faire.

C’est ainsi qu’Ha Reum fit ses premiers pas au sein de la JOY PLAY. Son affectation ? Manager d’un certain groupe au nom de FACTORY. Si seulement elle avait su. Parce qu'actuellement elle se pose des questions quand même.

''- Quelqu'un pourrait-il m'expliquer au juste comment en 3 minutes et 50 secondes, le temps que j'aille chercher un dossier avec les autorisations de sortie, alors que je vous avez dit, je cite ''de ne pas bouger'', on a pu arriver à une telle situation ? Pourquoi Su Han pleure ? Où est Léo ? Yun, tes cernes, arrête de jouer la nuit, sinon je te met un contrôle parental à 22h tapante, et cela voudra pour tout les autres. Maël si tu crois que je ne t'a pas vu donner une barre chocolaté discrètement à Jae Min, tu te fourres le doigt dans l'oeil. Et enfin, pourquoi ciel Hae Sun est dehors entrain de faire un câlin à un arbre !?"

Personne n'eut le courage de lui répondre. A vrai dire, elle n'attendit même pas une réponse et partit récupérer l'idiot entrain de faire une sérénade à son arbre.