«
Dans la vie, seuls les plus fort atteignent leur but. »
Cette phrase, du plus loin que tu t’en souviennes, ton père l’a toujours prononcée. Il le disait quand tu pleurais pour qu’on change ta couche, quand tu souhaitais qu’on te nourrisse et il te regardait mener les domestiques par le bout du nez. Tu n’étais qu’un nourrisson, tu ne savais pas ce que tu faisais, tu avais juste les besoins que tous les bébés ont, mais ce n’était qu’un détail pour ton père qui projetait de faire de toi une personne forte et capricieuse. Ta mère ? Elle est morte en couche, une personne faible selon ton père qui ne demandait d’elle qu’un héritier, il ne voulait pas de son amour et se fichait de la rendre malheureuse. Elle n’avait pas à l’aimer alors qu’il était toujours absent. Elle n’avait pas à l’aimer car ça lui faisait perdre des forces de vivre cet amour à sens unique. Pour lui, c’est ce qui l’a tuée. Au moins, elle a fait quelque chose de bien, elle a donné un fils à la famille Ahn. C’est d’ailleurs elle qui t’a donné ton nom, elle l’a murmuré avec un sourire, les larmes aux yeux en te voyant pour la première fois. En te voyant pour la dernière fois. Elle est ensuite décédée alors que tu pleurais comme tous les nouveau-nés.
Tu as grandi dans avec une cuillère en or dans la bouche, tu avais tout ce que tu voulais, rien qu’en le demandant… Les domestiques avaient peur de toi puisque tu t’es déjà plaint de l’un d’entre eux à ton père qui l’a viré sans écouter ses explications. Certainement que sa réaction aurait été différente s’il avait su que tu voulais un bébé tigre blanc pour animal de compagnie. Tu avais bien compris que si tu voulais que l’un d’entre parte, tu n’avais qu’à lui demander une chose improbable ou même que tu ailles seulement te plaindre à ton père. La seule personne hors de danger dans la villa était cette femme qu’il avait épousé cinq ans après ta naissance et, qui, clairement ne te portait pas dans son cœur. Bien évidemment, c’était réciproque. Tu étais jeune mais tu avais compris que personne ici ne s’aimait, sauf peut-être les domestiques mais tu n’en avais rien à faire. Ton père te l’avait dit, l’amour ça ne sert à rien d’autre qu’à rendre faible.
Déjà petit, tu as développé une passion pour la musique et la seule personne pour laquelle tu avais un peu d’estime était ton professeur de piano. Une jeune femme aussi douce qu’une mère qui avait compris dans quel environnement tu évoluais et qui était persuadée que tu n’étais pas heureux. Elle n’a jamais rien dit, elle faisait seulement son travail de peur d’être virée mais plus les années passaient, plus elle comprenait que ta sensibilité s’exprimait à travers la musique. La personne que tu étais sans musique était plus que détestable, bien qu’elle fît la fierté de ton père qui eut un second enfant alors que tu avais six ans. Un second garçon du nom de Hee Won. Une personne à laquelle tu ne fis pas attention.
Ton expérience de l’école commença à la maison, tu avais des précepteurs qui t’enseignaient tout ce que tu avais à savoir et, bien vite, ils remarquèrent que tu cachais de grandes capacités intellectuelles. Ton QI était supérieur à la moyenne mais tu n’en avais que faire et tu continuais tes études tout en menant la vie impossible aux domestiques de la maison. Ton petit frère ? Tu l’ignorais royalement, il ne faisait que pleurer tout en essayant d’attirer ton attention pour recevoir ton amour. Comment deux êtres aussi insensibles que ses parents avaient pu donner naissance à une personne aussi aimante ? C’était un mystère pour toi mais jamais tu n’as cherché à le résoudre tellement tu t’en fichais de son existence tant qu’il ne nuisait pas à la tienne.
Le collège marqua ton entrée dans la vie sociale en dehors des soirées mondaines. En sachant que tu étais nouveau, sans amis, une bande avait essayé de te battre mais ton regard à ce moment c’était fait si dur et les mots «
approchez-moi et je fais de votre vie un enfer » si tranchants pour des enfants à peine adolescents qu’ils étaient repartis sans demander leur reste. Tu n’avais pas forcément un bon caractère mais en plus d’être bon élève, tu étais riche et ça plaisait aux filles qui te tournaient autour. Des vautours selon toi, aucune d’elles n’attiraient ton attention alors qu’elles essayaient d’avoir leur première expérience avec toi. Oh bien sûr, l’une d’entre elle eut droit à cet honneur lorsque tu fus en dernière année de collège à 15 ans et ce fut d’ailleurs la dernière fois. C’est à cette époque que tu as compris que tu étais gay puisque ta première expérience avec un homme fut délicieuse selon toi. A vrai dire, cet homme était la première personne que tu aimais dans ta vie, la seule qui attirait ton attention et lorsque la fin de l’année sonna, il te laissa tomber sans aucun état d’âme. A ce moment, tu te fis deux promesses : tu n’ouvrirais plus jamais ton cœur à l’amour et ce sera toi le briseur de cœur. Tu fus peiné par cette déception amoureuse, des meubles furent cassés dans ta chambre, seuls ton lit et ton piano furent épargnés. Tout le mobilier fut remplacé le lendemain mais jamais personne ne pourra changer ce qui a été le plus cassé, à savoir ton cœur que tu réparas avec ta carapace d’antan.
«
Je ne reprendrais pas l’entreprise, je veux percer dans la musique. Puis, de toute façon, je suis gay et je ne supporte pas de toucher une femme alors compte pas sur moi pour faire perdurer l’entreprise familiale. T’as qu’à demander à ton autre rejeton, je m’en fiche de te décevoir tant que je peux réaliser mes rêves. »
Ce dont tu ne te doutais pas, c’est que ton père était fier de toi puisque tu te battais pour ce que tu voulais et tu ne suivais pas le chemin qu’il t’avait tracé. Il aurait pu te renier pour ton orientation sexuelle mais il s’en fichait, au moins tu assumais tes préférences sans pour autant t’afficher en public. Ton paternel ayant beaucoup de contact, il te permit de passer une audition afin d’entrer dans une célèbre agence. La Joy Play. Ayant des années de musique derrière toi et te débrouillant en danse comme tu faisais partie d’un club au collège, tu la réussis haut la main. Bien évidemment, grâce au pistonnage de ton père mais aussi comme tu avais beaucoup de talent, tu entras rapidement dans un groupe alors que cela faisait à peine un an que tu étais trainee. C’est à 16 ans à peine que tu débutas et c’est une semaine avant l’annonce de votre groupe que tu découvris ton allergie aux crevettes. En effet, étant bon cuisiner et voulant bien t’entendre avec tes hyungs qui vivaient avec toi, tu leur avais préparé un bon repas avec une chose que tu n’avais jamais mangé. Autant dire qu’après avoir fini à l’hôpital tu as été refroidi et tu évites tout ce qui est à base de crevettes, tu ne veux pas risquer de mourir une nouvelle fois alors que c’est pas hyper bon.
Comme le groupe auquel tu appartenais n’avait pas encore débuté, ton passage à l’hôpital fut passé sous silence et tu pus assister à la conférence de presse qui annonçait vos débuts. Tu souriais, plutôt heureux de pouvoir enfin briller et d’être connu, tu ferais tout pour que le groupe réussisse. La compagnie plaçant beaucoup d’espoirs en vous et vous laissant composer des chansons, vous avez rapidement plu aux fans qui pouvaient se reconnaître dans vos chansons. Tu aimais cette popularité, tu souriais sincèrement face aux caméras mais aussi en présence de tes aînés. Mais une ombre vint obscurcir le tableau.
En effet, plus le temps passait, plus tu t’attachais aux autres membres et, si au début, tu n’y prêtais pas attention et restait le gentil maknae, des signaux d’alertes vinrent s’allumer dans ta tête. Tu voulais être aimé mais tu ne voulais pas aimer, tu ne voulais pas t’attacher à ces personnes avec lesquelles tu vivais depuis deux ans et demi. Alors, tu fis l’irréparable. En les voyant fatigué, tu eus une idée que tu n’aurais jamais dû avoir. Tu avais appelé ton père qui t’avait fourni l’adresse d’un dealer et lors d’une soirée bien arrosée au dortoir, tu leur proposas de la drogue. Ils étaient aussi bien fatigués que saouls alors ils acceptèrent. Tu en pris aussi afin de te rebooster, de te donner de l’énergie. Le lendemain, ils ne se souvinrent pas de comment ils s’étaient drogués mais, d’un commun accord, vous avez décidé de continuer à vous droguer pour tenir le rythme effréné de la vie d’idole. Néanmoins, un soir, l’un des membres prit la dose de trop et se retrouva à l’hôpital entre la vie et la mort. Il réussit à s’en sortir mais votre groupe fut pointer du doigt alors que vous passiez des tests qui créèrent un scandale. Vos excuses furent vaines, vos fans vous lâchaient mais tous se rejoignaient sur un point : tu étais une victime. En effet, pour eux, tu étais jeune et influençable. Tu reçus beaucoup de messages de soutien alors que votre groupe coulait et lorsque votre agence décida de votre disband en annulant les contrats d’exclusivité de tes aînés, tu fus le seul à continuer l’aventure avec eux. Le fait qu’ils aient des contacts avec ton père aidait beaucoup aussi, ils savaient que les anciens fans de ton groupe te soutiendraient si tu venais à débuter en solo.
C’est donc début 2015 que tu débutas en tant que chanteur solo. Tu eus énormément de succès comme tu étais attendu par le public, tu ne touchas plus jamais à la drogue et, aujourd’hui encore, tu profites à fond de ta vie d’adulte. Etant majeur, tu commenças à avoir quelques déboires en couchant à droite à gauche mais tu étais assez malin pour éviter que des rumeurs se répandent. Il faut dire aussi que la notoriété de la famille Ahn mêlée à la tienne pouvaient dissuader. Une vie est si vite ruinée quand on se frotte à quelqu’un de riche. Employés comme homme lambda, si tu décidais qu’une personne finissait dans ton lit, elle y finissait et parfois tu jouais avec ce que ces gens pouvaient ressentir. Tu penses que tout t’est dû, tu restes un jeune homme capricieux et, même si on ne t’aime pas, on n’ose pas dévoiler ton caractère au grand jour. Les artistes – trainee comme affirmés – de ton agence sont les seuls à avoir droit à tes encouragements ainsi que ton soutien même si tu fais en sorte de ne pas t’attacher à eux, tu les aideras au besoin. De plus, les caméras capturent une personne sensible, souriante, aimant ce qu’elle fait, ce qui n’est pas faux mais quand elles s’éteignent, quand tu quittes la scène, tu effaces toute trace de sourire sur ton visage. Personne à part les idoles de la Joy Play ne se doute que ton personnage sur scène est ta véritable personnalité, celle que tu camoufles derrière des couches de fond de teint ou des remarques parfois déplacées. Tu ne cherches pas à t’attacher, tu apprécies seulement les corps de tes partenaires sans chercher à savoir qui ils sont pour ne pas tomber amoureux, pour ne pas devenir une personne faible. Personne ne sait que, chez toi, il y a des tas de peluches parce que personne ne se doute que tu es un grand enfant.
Est-ce qu’un jour, le jeu se retournera contre toi ? Est-ce qu’un jour quelqu’un réussira à briser ta carapace ? Personne ne sait de quoi demain est fait, mais la grande question est : est-ce que si tu tombes sur la bonne personne tu réussiras à t’en rendre compte à temps ? Rien n’est moins sûr car on peut très facilement passer à côté du bonheur sans s’en apercevoir.