I - Levé de rideau

Une jeune fille se tient au milieu de la scène, seule, vêtue d'une robe semblant ancienne. Le silence règne dans la salle, le public attend le début de la scène. Une petite voix se fait entendre, encore enfantine, et pourtant assez entraîné pour faire de la chanson qu'elle chante une douce mélodie pleine d'émotion. Cette petite bouille capture en quelques secondes le cœur de la foule, un sourire si doux et une présence pourtant si grande sur scène. Chacune de ses scènes est mémorable, elle joue parfaitement la comédie, comme si elle était née sur scène, comme si elle était née pour être actrice. Ce petit visage, vous le connaissez peut-être sous le nom de Wang Queenie, cela fait plusieurs années que cette petite moue et sa voix d'or brille sur la scène de théâtre, et aujourd'hui elle se lance dans une autre expérience. Mais avant, apprenons un peu plus à son sujet.

Queenie est née lors d'un voyage de ses parents en France, elle est née dans la ville de l'amour, Paris, de deux parents coréens. Sa mère est une chanteuse d'opéra toujours connue aujourd'hui, et son père est un célèbre cinématographe travaillant aujourd'hui au sein de l'agence d'idole la plus compétente et réputé en Corée du Sud, la JOY PLAY. Son prénom ne fut pas à la première seconde Queenie, mais Sun Hwa, Wang Sun Hwa, et bien qu'elle ne le savait pas, son futur était écrit dans sa destinée, elle allait vivre sur scène, découvrir le bonheur du chant et de communiquer des émotions par la voix, par le chant, par l'art de jouer la comédie. Ayant resté quelques mois en France seulement, la petite fille ne se souvient seulement que de très court souvenirs, des photos, des films, tous très flous. Alors qu'elle n'était qu'un bambin cherchant sa voie, cherchant à devenir grand, son père avait déjà tout un monde pour elle, tout de prévu, elle était sa petite princesse, et sa princesse sera un jour une reine, il commença même à l'appeler Queenie au lieu de Sun Hwa.

Depuis ses plus jeunes jours, la jeune coréenne était déjà le centre de l'attention. Dès son premier son, son père était son plus grand fan, il ne s'occupait plus que d'elle, il ne voyait plus tout le reste. Il en oublia même sa femme, qui le quitta alors que l'enfant n'avait que cinq ans, lui laissa sa fille sur les épaules, l'obligeant à reprendre son travail et donc à moins s'occuper de sa fille, ce fut pour lui très difficile. Maintenant sans le moindre modèle féminin, la petite princesse ne pouvait se tourner que vers les dits de son père, lui expliquant que les petites de son âge étaient toutes des princesses, mais qu'elle sera la plus belle, qu'elle sera spéciale, qu'elle brillera si tôt que le monde entier se retournera pour la voir, et ces mots, il ne s'en rendit pas compte, mais ils étaient justes. Mais pas de la façon dont il pensait.

Un petit ange arrivait à l'école primaire, une petite bouille sur patte, toute timide et pourtant sachant déjà ce qu'elle voulait. Son père lui avait bien appris que c'était elle la princesse, que personne ne lui marcherait sur les pieds, qu'elle serait la plus importante. Et pourtant, au sein de cette école privée, elle n'était une vulgaire élève et rien d'autre. Elle mit un temps à comprendre pourquoi, et en conclus tout simplement qu'ils ne savaient pas qui elle était. Alors qu'eux à ses yeux n'étaient que des sujets, des paysans, des péquenauds. D'où avaient-ils le droit de la voir au même rang qu'eux ? Et plusieurs fois, la princesse s’était fait reprendre pour son comportement inadéquat, et elle ne comprenait pas en quoi il n’était pas bon. Son père lui avait dit qu’elle devait agir de la sorte, pour maintenant elle n’avait plus le droit, maintenant qu’il n’était pas à côté d’elle ? Chez elle, elle avait tous les droits du monde, la princesse pensait logique qu’ici aussi, mais personne ne lui donnait exactement ce qu’elle voulait. Elle ne perdit pas espoir, un jour, ces péquenauds apprendront à qui ils s'adressent comme s’il parlait à la voisine. Puis ils osaient rire d'elle, devant ses yeux, son visage, du fait qu'elle soit née le jour de Poisson d'Avril. Riez péquenauds, vous vénérerez votre princesse bientôt.

L’école primaire était toujours pour elle cet enfer, un endroit où elle devait agir comme une enfant normale, simple, de banlieue, alors qu’elle était beaucoup plus. Mais elle allait pouvoir prouver qu’elle était bien plus que ça d’une façon saine et sans blesser, en leur montrant sa supériorité en terme de talent. Ce n’était pas nouveau pour elle, son père lui disait qu’elle était née avec le don du chant grâce à sa mère, que cette petite voix était capable de tant de choses, alors bien sûr qu’elle allait le prouver. Elle n’avait que tout juste 7 ans quand la révolution commença, quand la prise de la Bastille sera faite, mais sans faire couler le sang. Elle n’avait besoin que d’une arme pour séduire, et c’était sa voix. C’est alors à la perfection qu’à la fête de fin d’année de son école, la petite princesse envoûta le public de sa voix. Et enfin, elle avait la cour à ses pieds. Elle n’avait plus tout ses enfants qui riaient en la voyant, lui disant qu’elle n’était rien d’autre que quelqu’un de normal, elle avait enfin des personnes à ses pieds.

Rapidement après, son père décida de la lancer dans le monde de la musique, notamment de la comédie musicale. La facilité qu’avait la jeune fille à faire comme si tout allait alors qu’elle n’était pas satisfaite lui prouva qu’elle en était capable, et avec seulement très peu de cours de théâtre et de chant, chant d'opéra sous sa propre demande, hors de ceux de son équipe de théâtre musicale, la jeune fille y alla les yeux bandés, acceptait facilement sachant que son manager, celui s’occupant de ses rôles dans différents comédies, était nul autre que son oncle, le frère de son père. Au début, celui-ci ne la voyait que comme une enfant avec pas mal de talent et ce petit truc qui faisait qu’on voulait la regarder elle une fois sur scène, alors bien sûr qu’elle était compatible avec ce travail, et son enfance entière sera rythmé aux nombres de représentations qu’elle avait à faire.

II – Péripéties

La petite fille commença à grandir au fil des années, notamment quand elle entra au collège vers 10 ans, et elle n’arrêtait toujours pas les comédies musicales. Elle s’était fait un nom dans ce milieu, la princesse avait son trône et son trône lui appartenait. Pour arranger tout ça, c’était un petit génie à l’école. La première année de collège ? Pour quoi faire ? Elle la sauta tranquillement et ne trouvait pas le moindre problème d’arriver avec des personnes plus âgées qu’elle, peu importe l’âge, ils la respecteront qu’ils le veuillent ou non. La princesse régnait peu importe où elle mettait les pieds, ceux qui tentaient une rébellion finissaient à la porte du château, et jamais plus elle n’ouvrira ses portes à ses personnes, son royaume était beau, riche, et heureux.

Seulement, avec les années, le corps de la jeune princesse commença à grandir, à afficher des formes, et même quelques rondeurs, elle prenait doucement, petit à petit le corps d’une femme, et c’était une obligation pour son père de protéger sa fille de tous les prétendants, même si en regardant de loin, elle avait l'air d'une enfant pour tout le monde, il n'y avait rien de possiblement attirant, mais son père préférait faire en sorte que tout soit plus sûr. La jeune fille n’eut pas le droit à la moindre relation avec des garçons de son âge pendant plusieurs mois, elle n’avait pas le droit de regarder les princes de la cour, elle était telle Raiponce, enfermée dans sa tour sans jamais pouvoir sortir. Un des seuls hommes qu’elles voyaient hors de ses partenaires de comédies et son père était son oncle, et au fil et à mesure des années, son regard sur elle changeait. Elle lui rappelait sa mère quand elle était jeune, une petite au pouvoir bien plus grand qu’elle ne le pensait, une femme au caractère de feu, une femme attirante de par son caractère qu’il n’avait jamais oublié malgré le fait qu’elle était avec son frère pendant un moment.

Cette image de cette femme, il la voyait sans cesse en cette fille, elle était sa réplique parfaite, juste une version plus pure, plus faible, mais elle restait la femme qu’il aimait depuis tant d’années. Il développa une passion pour cette petite fille, il restait proche d’elle à tout moment, que ça soit quelque chose de normalement autoriser ou non, il était présent dans toutes les périodes de sa vie, afin de la voir devenir cette femme qu’il aimait depuis tant d’année. Il y eut des jours où il ne pouvait faire la différence entre les deux femmes, il entendait même la voix de sa bien-aimée derrière celle de l’enfant, ceci le faisant souvent céder à la tentation.

Rapidement, le comportement de la jeune princesse changea, assez brutalement. Elle devenait plus renfermée, moins agressive, moins entreprenante, moins princesse tout-met-permis. La cause du changement reste inconnue aux yeux de son père, alors qu’elle en souffre aujourd’hui, que c’est une réelle peur qu’elle a développé. Croyant que ceci venait d’un ennui, son père lui ouvrit un nouveau monde, celui de là où il travaillait, le monde des idoles. D’accord, il avait un petit peu triché pour qu’on accepte de voir sa fille, mais le choix final fut pris sans son avis pris en compte, la petite princesse avait le talent, le regard d’une idole. Elle n’avait que 12 ans quand elle devint une trainee au sein de la grande agence.

Avec l’entraînement de trainee qu’elle suivait, la petite princesse ne pouvait plus suivre l’agenda chargé qu’elle avait du côté de sa carrière dans le théâtre, et cela la rassurait presque. Elle prit donc une pause dans son travail, le temps qu’elle retrouve un emploi du temps fixe et qu’elle puisse s’améliorer dans tout ce qu’elle aimait. Parce que oui, même si tout ça n’avait pas été son choix, elle aimait chanter, elle aimait danser, et elle aime toujours ça. Elle aime toujours également les comédies musicales qu’elle faisait, mais c’était un rêve qui allait devoir attendre.

III – Fermeture du rideau

Deux ans et quelques poussières plus tard, la princesse eut une annonce à laquelle elle ne pensait pas. Ce n'était pas grâce à son père, à l'argent ou tout ce qui avait pu l'aider dans le passé, mais pour son travail à elle, les preuves de son talent, les preuves de son dur travail, elle avait gagné plus qu'une place dans un groupe, elle avait gagné son trône, son solo, une chose définitive. Mais si jeune être en solo sur une scène, bien que Queenie a souvent fait ça sur une scène de théâtre, ce n'était pas la même chose dans le monde des idoles et elle le savait. Donc elle avait peur. Peur d’être mal vu, d’être oublié, d’être critiqué. Cette peur, elle la perdit rapidement en se retrouvant sur scène, mais pas la scène qu’elle connaissait. Celle-ci était pourtant tout aussi belle.

Aujourd’hui, elle regorge de confiance en soi, plus personne ne peut lui marcher sur les pieds et pourtant, ce n’est pas la princesse qu’elle était avant. C'était une princesse qui avait un empire, un trône, et des sujets, tout comme elle avait grandi. Elle avait appris la modestie, et le fait de ne pas toujours avoir ce qu'elle voulait. Du temps qu’elle peut vivre sans subir, le sourire de la petite princesse sera toujours présent, même à la fermeture du rideau.