三人一条心,黄土变成金。
La poussière s'était emparée de la chambre, faisant d'ailleurs éternuer la seule personne qui la peuplait, actuellement. Les cartons sous ton lit étaient là depuis un bout de temps, maintenant, et tu n'arrivais même plus à te souvenir de ce que contenait ce carton complètement abîmé. Tu le vidas, lui aussi, comme les précédents, à la recherche de la précieuse chose sur laquelle tu souhaitais mettre la main depuis plusieurs heures, déjà. Ce carton-ci, allait-il être le bon ? Celui-ci était rempli de vêtements trop petits et de babioles que ta mère avait placé dans tes affaires sans ton approbation. Elles prenaient la poussière, et tu songea sérieusement à les donner à quelqu'un. En fouillant un peu plus, ce que tu cherchais attira bien vite ton regard. Il était là, juste en dessous d'une vieille console de jeux qui ne fonctionnait probablement plus. À première vue, c'était un simple carnet noir sur lequel était inscrite une citation en inscrite en chinois. « Le monde est un livre ouvert et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page. » Petit, elle t'avait semblé réellement significative, mais aujourd'hui, elle venait de te faire étouffer un rire. Il était exactement comme dans tes souvenirs, malgré la poussière et la saleté qui s'était accumulée pendant ces trois longues années. Tu venais de passer ton doigt sur la couverture pour en faire disparaître les dernières traces avant de finalement te décider à ouvrir la première page. Sur celle-ci figurait quelques simple mots écrit par tes soins : « Ceci n'est pas un journal intime !! » Ça venait de te faire rire, ça aussi. Car malgré le fait que tu t'étais toujours convaincu que c'était un simple carnet de voyage n'avait pas suffit à repousser tes frères et sœur. Au final, tu avais placé un petit morceau de scotch au coin pour éviter de dévoiler tes mots au monde.
Car oui, pour un simple carnet de voyage, tout ce qui était écrit ici était bien intime. Sur la seconde page, on pouvait voir une petite photo de l'entièreté de la famille Lee. La plus âgée, Sae Ra était entre ses parents, tu étais donc entouré de tes deux plus jeunes sœurs, ton petit frère âgé de quelques mois dans les bras de ta mère. Tu venais de tourner la page, là ou tout le récit de ton enfance commençait. L'excitation de redécouvrir tout ce que tu avais pu y écrire te fis légèrement sourire alors que tu t'installais sur une chaise bien confortablement afin de relire ton « toi » du passé qui racontait ses voyages.
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一开始。
«
12/07/2007.La Corée du Sud, ou pays du matin calme. C'est là où je suis né, et ou j'ai grandi, aussi, jusqu'à avoir dix ans. Les gens disent que c'est beau, la Corée, mais en vérité, on peut facilement s'en lasser au fil du temps. Mon père est né ici, lui aussi ! Mais lui, il a vu bien plus de choses que moi, dans le monde ! Il aurait même été perdue en pleins milieu de l'Amazonie ! Du moins, c'est ce qu'il nous a raconté... Mais Sae Ra ne cesse de répéter que c'est un mensonge... Tu penses qu'elle a raison, toi ? « Toi... » C'est drôle de dire « toi. » Tu es tout sauf un journal intime. Non non, tu es un « carnet de voyage » ou « carnet de voyage », si tu préfères ! J'ai un peu honte... Mais je crois que je vais continuer à dire « tu », sinon à qui est-ce que je vais m'adresser, au juste ? Pfff... Si Sae Ra tombe sur ce carnet, elle va vraiment se foutre de moi jusqu'à la fin des temps...
Bref, je te disais que la première étape, c'était Séoul, n'est ce pas ? Alors je vais commencer.
C'est dans cette grande ville aux aspects très culturels que j'ai vue la lumière du jour la première fois, dans un grand hôpital. C'est trop difficile de m'en souvenir, malheureusement, mais je vais m'accorder aux paroles de mes parents. Apparemment, ils ont tout deux eu très peur lorsque j'étais prêt à arriver. Un enfant qui naît deux mois avant, ce n'est pas si commun, et à la maison, c'était la panique lorsque ma mère s'est sentie perdre les eaux.
Ma grande soeur m'a dit qu'on se souvenait toujours de la première fois que notre mère nous a prit dans ses bras. Mais je n'ai jamais pu. Simplement car elle n'a pas pu avoir le temps de le faire avant que les sages-femmes me confient aux docteurs.
Ici, j'ai grandi dans un univers un peu particulier... On était quatre enfants à vivre dans une grande maison traditionnelle, et devine quoi ? Je suis le seul garçon. D'abord, il y a Sae Ra, la plus vieille qui pense savoir tout sur tout et qui ne cesse jamais de constamment nous crier dessus. Elle est soi-disant plus grande alors on devrait la respecter... mais on deviendrait ses esclaves si on faisait tout ce qu'elle nous commandait, alors c'est inutile.
Ensuite, c'est Ming Yue. Ma petite sœur plus jeune de quatre ans de mois un peut trop mature pour son âge. Elle cuisine déjà et elle m'aide dans mes devoirs, des fois. J'ai vraiment l'impression de régresser lorsque ça arrive, c'est très frustrant ! Hae Ri est encore toute petite, mais elle est déjà tellement pénible... Elle pleure dès qu'on la touche, et des fois lorsqu'on approche, même. Bref, j'ai sérieusement l'impression d'être tombé dans la mauvaise famille...
Nos parents sont déjà un peu plus tranquilles, eux. Certaines fois, je me demande si je connais réellement mon père. Il passe la majeure partie de son temps à la base militaire, et il ne rentre à la maison que très tard le soir, lorsque tout le monde dort. Maman, c'est celle qui s'occupe de tout. Ménage, lessive, vaisselle, rangement... Elle m'a toujours assurée que c'était ce en quoi consistait son métier, "Femme au foyer"... Ma mère est douce comme le soleil, sauf qu'elle au contraire, elle ne cogne pas comme il le ferait. Elle brille, vraiment très fort. Un jour, j'aimerais réellement briller comme ça, autant qu'elle le fait.
Tu vois, aussi animée que notre famille puisse paraître, notre quotidien à été relativement calme, du moins, jusqu'ici... Mais je continuerais d'aborder ce sujet-là plus tard !
L'école... Aah... Qu'est-ce que je hais ça ! C'est dingue non ? Je suis ultra mauvais... Partout, dans toutes les matières. Pendant mes jours de classe, j'avais toujours l'impression d'être perdu, d'être dans un lieu qui ne me correspondait pas. Mes cahiers d'exercices ont toujours été remplis de petits dessins tous plus invraisemblable les uns que les autres. Que ce soit des monstres issus de mon imagination ou des super-héros complètement loufoques, les pages racontaient toujours des histoires différentes. Et malgré que la maîtresse encourage la fibre artistique de ses élèves, elle ne pouvait que me reprendre. Les nombreux exercices que je n'effectue pas en cours se retrouvaient à être noté en supplément sur mon carnet de leçon ! C'était vraiment injuste ! Cela a longtemps inquiété mes parents. Les enfants aiment souvent au moins une matière dans laquelle ils sont doués, mais non. Je n'en ai jamais trouvé. Je n'étais doué nul part, à part peut-être dans les ateliers musique, lorsqu'on apprenait des chansons. Là, je me concentrais, je prenais vraiment du plaisir. À vrai dire, je chantais pour les autres élèves un peu moins confiants, pour les encourager à donner de la voix aussi. Parce que chanter, ça réconforte, non ? L'inquiétude de papa et maman venait aussi de ma non-sociabilité, de cette incapacité que j'ai à aller vers les autres. C'est bête, pourtant, rien ne m'en empêche... On ne m'a jamais ouvertement rejeté ou insulter. C'était juste comme ça, une peur un peu idiote que me poussait à rester dans mon coin malgré qu'il n'y ai rien qui m'empêchait de simplement adresser la parole à quelqu'un. Ça aussi, parler, c'est quelque chose d'extrêmement difficile. Des fois, on me demande comment je me sens et je n'ose pas répondre la vérité alors je lance un petit « je vais bien » direct, comme ce que les gens attendent. Après tout, je dois faire ce que les gens attendent de moi, non ?
Il y a bien une personne à qui je peux parler librement, pourtant. C'est un garçon qui n'a rien de plus spécial que les autres enfants, au premier regard. Espiègle, énergique, le total contraire par rapport à moi. Mais cette différence, c'est sûrement ce qui fait qu'on est autant attaché l'un à l'autre, on apporte ce que l'autre n'a pas, on se complète, en quelque sorte. Et malgré les nombreuses disputes, c'est agréable d'avoir une personne sur qui compter lorsque tu te sens un peu mis en arrière. Je suis content que Maël soit la, même si je pourrais volontiers me passer de son ego surdimensionné qui se vente sans arrêt d'avoir gagné un pari ! Aish...! Oups... J'ai juré... Je ne le referais pas, promis.
En ce moment, c'est les vacances d'été. D'habitude, je suis le premier à sautiller partout en me demandant ce que je vais faire de mon temps libre. Mais là, non. En sortant de cours, j'ai eu un réel pincement au cœur en me disant que je ne reverrais plus Séoul, plus la maison, plus Maël... Et tout ça avant longtemps... Papa a été chargé d'une mission en Chine, alors c'est là-bas qu'on essaiera de faire notre vie, maintenant, qu'on le veuille ou non.
« Partir »... Je n'arrive pas à réaliser. J'en ai peur, je ne veux pas que cela change. Depuis qu'on nous a annoncé la nouvelle, je ne peux pas m'empêcher d'avoir envie de pleurer pour un rien. C'est idiot, hein, je sais... Mais c'est comme ça, je ne veux pas que ça change... Je veux faire ma vie à Séoul, et nul part ailleurs.
Il me reste quelques cartons à faire, et j'entends maman qui me demande ou j'en suis... Oups, j'ai pris du retard !
Je vais te laisser, donc. « Te », je n'arrive pas à m'y habituer...
Je serais de retour, pour te dire tout ce qui s'est passé, là-bas. À Shangai. »
Au final, tu te rappelais à peine du moment où tu avais écrit ces mots, mais tu pouvais facilement deviner ce que tu avais pu ressentir. Tout quitter, repartir de zéro, à chaque fois... Dans le passé, tu avais vécu cela bien trop souvent... Tu te souvenais bien de Shangai, ton enfance y avait été mouvementée, et relire les mots qui suivaient allaient très surement te mettre mal à l'aise.━━━━━━━━━━━━━━━━※━━━━━━━━━━━━━━━━
奇迹和情感。
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14/12/2009.Deux ans. Ça fait deux ans que je t'ai laissé tomber ! Aaah, ils s'en passent des choses en deux ans. Pourtant, je n'ai rien de bien intéressant à raconter...
Je ne me sens pas chez moi. Je ne me suis jamais sentie chez moi, ici, en fait. Lorsqu'on est arrivés sur la terre chinoise, ma mère était aux anges à l'idée de nous faire découvrir l'endroit ou elle avait grandis. Mais j'avais une seule idée en tête, retourné à Séoul. Mon père a rapidement eu assez de mes « on reviendra chez nous ? », « on reste combien de mois ? Pas plus d'un an, pas vrai ? ». Il me répondait à chaque fois que tout allait dépendre, et que nous étions chez nous, ici aussi. Et pourtant, je n'ai jamais réussi à être à l'aise, à rêver comme lorsque nous étions en Corée du Sud.
J'en ai voulu à mon père pendant ces deux ans, et même encore maintenant. Je voulais lui montrer que je n'avais pas envie de faire ma vie autre part que là-bas, et bien vite, je me suis mis en lui en faire voir de toutes les couleurs. Il l'a cherché. Et il n'est pas tendre avec moi, non plus. Il semblerait qu'il soit de mèche avec Sae Ra, et qu'ils cherchent tout deux à m'en faire voir de toutes les couleurs.
L'année dernière, mon entrée au collège a été une catastrophe. J'ai réussi à trébucher sur mes lacets en entrant dans la classe, sous les regards perçants de tout le monde. Même le professeur semblait retenir son rire. J'ai eu envie de m'enterrer, de disparaître, même. Après ça, on se doute bien que mes relations avec les autres n'aient pas été des plus agréables, mais j'ai fait avec. Je suis du type qui se sent bien sans forcément côtoyer des gens. Clairement, je me fiche de ne pas avoir d'amis avec lequel débattre des dernières sorties jeux-vidéos. Je préfère rester sur un banc, écouteur sur les oreilles. La musique elle, au moins, elle ne te fera jamais de coup dans le dos sans que tu ne t'y attendes. Et puis... Il me reste Maël. Même si deux-mille kilomètres nous séparent...
En parlant de ça, j'ai commencé le piano.
La salle de musique de mon établissement scolaire, à Shangai, est remplie de petites merveilles. Le piano au milieu de la pièce est magnifique, j'ai l'impression qu'il m'appelle, à chaque fois.
J'ai commencé à jouer comme ça, pour essayer, sans me douter que dès que j'allais placer mes doigts sur les touches noirs et blanches, je n'aurais plus jamais envie qu'ils les quittent. En rentrant à la maison, j'ai tout de suite fait la demande à ma mère. Je voulais jouer, prendre des cours, m'améliorer. Je voulais vraiment jouer comme les pros qu'on voit à la télé ou dans les grands orchestres. Ceux qui peuvent te transporter grâce à une simple mélodie, à un simple mouvement de mains... Je veux faire voyager les gens aussi, les faire ressentir des émotions... avec de la musique.
Maman n'a pas encore cédé, mais cela ne saurait tarder !
C'est l'heure de manger. Je « t » 'abandonne, simple objet que je m'amuse à prendre pour une personne !
À bientôt. Ou peut-être pas.
23/08/2011.On part. On s'en va. Mais on ne retourne pas à Séoul, non. Mon père part encore en mission dans un nouveau pays, et nous ne pouvons rien faire, à part le suivre.
Ça fait deux ans, hein... ? Je te délaisse un peu, c'est vrai. Mais je trouve plus d'inspiration dans mes cahiers de musique et mes partitions que dans un vieux carnet de voyage poussiéreux. C'est irrespectueux, mais c'est ce que tu es. Personne n'a encore mis la main sur ton contenue, et heureusement, d'ailleurs. Personne n'aura jamais le droit de te lire, à part moi.
Je ne sais pas vraiment si j'ai envie de partir... Peut-être que je me suis habitué à cet endroit ? Je ne connais rien de la Thaïlande, la prochaine destination, mais je suis sûr que cela sera la même chose que mon arrivée à Shanghai. Encore un endroit où je vais devoir “réapprendre” à vivre, où l'on va repartir de zéro. C'est un cycle, finalement. Je pensais pouvoir peut-être rester et vivre en Chine, mais non. On doit filer, encore. Est-ce que ça va s'arrêter, cette fois-ci ?
Mes quatre années passées ici ont été laborieuses... J'ai fini le collège, avec des résultats toujours énormément bas qui énervent mes parents, en particulier mon père. Je suis trop mauvais à leurs yeux, je crois. Si Meilin n'était pas là, je n'aurais jamais pu passer mes examens, et encore, elle a failli abandonner plusieurs fois tellement mon cas est désespérant. C'est fou, c'est ma petite sœur qui s'occupe de moi, et non l'inverse. Je devrais grandir... Non ? Que ce soit physiquement, ou mentalement parlant, je devrais un peu... repenser à tout ça.
Dans ma classe, tous les autres - ou presque - ont une idée d'un futur qui leur plairait. Quand on me demande, moi, je réponds simplement, je désespère tout le monde. « Tant que je peux continuer à chanter et jouer du piano, peu importe... »
La musique, c'est la seule et unique chose dans laquelle je suis douée. Qu'est-ce que tu veux que je fasse, à part ça ? Avocat ou comptable ? Nah, plutôt mourir. Les adultes peuvent dire ce qu'ils veulent... J'ai envie de jouer de la musique, et tant pis pour eux si cela ne les satisfait pas, ils n'auront qu'à voir ailleurs si j'y suis !
Aish, j'écris trop. Je commence à me demander à quoi ça rime finalement, écrire dans un carnet...
Après demain, c'est direction Bangkok. Hmm... Je ferais mieux de te ranger dans un endroit sûr, au cas où. Ce serait dommage de perdre tout ça… »
Pendant un cours moment, tu stoppas ta lecture pour jeter un coup d'œil à travers la fenêtre de la chambre avant d'attraper un coussin que tu glissas derrière ton dos. Le mur n'était pas le plus confortable, et tu commençais à légèrement ressentir les conséquences qu'avait ta mauvaise posture sur ton dos, en plus des courbatures dues à l'entraînement.━━━━━━━━━━━━━━━━※━━━━━━━━━━━━━━━━
我不知道我是谁。
«
06/09/2011, Bangkok.On a emménagé depuis quelques jours, maintenant ! La maison est beaucoup plus spacieuse que notre appartement de Shangai, et on ne peut clairement pas respirer dans ce marcher sur les pieds les uns les autres. Ici, je partage ma chambre avec Bae, et j'ai la mission de veiller sur lui, au cas où. On m'a toujours dit qu'avoir un petit frère, c'était le paradis. Mais visiblement, pas quand le dit petit frère est un chouilla trop hyperactif et que son passe-temps favori est de sautiller sur son lit et de jeter ses jouets dans tout les coins de sa chambre. La meilleure solution, dans ce cas-là, c'est encore de rester toute la journée avec ses écouteurs collés aux oreilles. J'ai l'air d'un ermite aigrie qui ne se réfugie que dans sa musique, mais au moins, aucun son perturbant ne réussit à atteindre mes oreilles.
Pourquoi j'écris, déjà ? Hmm... Ah, oui.
Demain, se feront mes débuts au lycée, et j'ai tout sauf hâte. L'année dernière, à Shangai, je m'étais promis que j'allais faire cette rentrée à Séoul, dans le même lycée que Maël, si possible. Mais il a fallu que mon père soit à nouveau muté pour que tous mes plans tombent à l'eau... Tant pis.
Tant que je ne trébuche pas, ou que je ne me ridiculise pas d'une manière ou d'une autre, tout ira bien. Il suffit juste d'ignorer les autres, de ne donner que de courtes réponses, de ne s'attacher à personne... Tout ira bien, n'est ce pas ? Aucune raison d'avoir peur, de stresser pour un rien... Mais je ne peux pas dormir. C'est la raison pour laquelle j'écris ici, aussi, pour essayer de trouver la fatigue. Mais bon, ça n'a pas l'air de vraiment fonctionner alors je vais retourner jouer. Bye, en revoir, tchiao...
Plus le temps passe, plus c'est compliqué d'écrire ici, aish..
18/11/2011.Ça fait deux mois ! Je délaisse un peu ce carnet, je crois. Aujourd'hui, Mei Lin est tombée dessus. Elle m'a dit qu'elle ne me pensait pas le genre à écrire un journal intime. Mais ce n'en est pas un ! Du moins, ce n'était pas censé l'être... Au fil du temps cela s'est transformé en une sorte de « carnet de pensée » ? Mais bref, Mei m'a clairement rassuré en clamant qu'écrire pouvait nous faire du bien, même si c'était pour nous-même. J'aurais peut-être pu dire tout ça à quelqu'un ? Hmmm... Maman, ou Maël, peut-être. Crois qu'il ne serait pas en mesure de tout lire, son cerveau ne supporterait pas autant d'information !
Mais passons, si j'ai voulu écrire, c'est pour me vider la tête. Depuis deux semaines, il y a une chose qui monopolise mon esprit. Je rentrais des cours, de la manière la plus simple qu'il soit. Le lycée où je vais n'est pas si loin de la maison, il suffit juste de traverser quelques rues, dont un carrefour assez dangereux ou des accidents ont souvent lieu. Je suis du type à vraiment faire attention sur les passages piétons et tout ce qui va avec. Cette fois-ci, j'avais peut-être un peu fait moins attention qu'à mon habitude, mais... En traversant, j'ai entendu quelqu'un crier dans mon dos, puis un bruit de voiture qui freine en urgence. En me retournant, j'ai pu rapidement comprendre que la personne ayant traversé derrière moi venait de se faire heurtée de plein fouet par la voiture. C'est un accident, ça arrive souvent... Mais je pouvais clairement me sentir trembler en observant le corps inerte de la jeune fille qui s'était prit le véhicule. Elle saignait de la tête, et on pouvait facilement deviner que son bras droit était désarticulé. C'est cette image qui n'arrête pas de survenir dans mon esprit. C'est stupide, je suis trop sensible. Le pire dans tout ça, c'est qu'on va probablement se foutre de mois si je raconte qu'un simple accident de la route auquel j'ai assisté me hante complètement
Je m'efforce à me dire que ça me passera, j'espère que ce sera le cas.
21/02/2012.Récemment, j'ai compris que les études n'étaient absolument pas faites pour moi. Papa est en colère, maman est déçue, et moi, je ne me lève plus le matin, je ne quitte plus ma chambre. Au final, je me fiche de les décevoir ou non, je préfère amplement m'écouter et renoncer à une scolarité qui m'est à peine utile. Je ne fais rien, je n'y arrive simplement pas. Je n'aime pas ça, surtout, d'être mêlée à des gens de mon âge, complètement à leur merci... Ou d'être constamment obligé de me retourner le cerveau pour apprendre des choses en lesquelles je ne vois aucun intérêt et qui ne me serviront jamais, pour la plupart. C'est mieux comme ça, plus d'angoisses liée aux cours ou aux notes, plus de peur de décevoir ou d'être trop mauvais. Je peux arrêter de penser à tout ça et me concentrer pleinement sur des choses qui me tiennent plus à cœur.
Du moins, je devrais aller mieux, mais certaines choses font que j'ai l'impression d'être irritable et de changer d'humeur pour un rien... Un rien, un simple son dans la maison, et je me mets totalement à angoisser et à serrer les dents. Et pour couronner le tout, un rien peut me donner la forte envie de pleurer, ou de simplement déprimer. J'ai du mal à dormir et trop de choses en tête, je suis constamment fatigué aussi. Ce n'est probablement qu'une phase, mais j'ai hâte que ça s'arrête et que mes humeurs soient bien moins instables. J'ai eu ce que je voulais, je devrais me sentir bien. Ne nous laissons pas abattre, hein ? Fighting ! »
09/06/2012.Ça va faire quatre mois, maintenant. Quatre mois que je ne dois plus subir cette torture qu'est le lycée. C'est un soulagement, mais en même temps, il y a quelque chose qui manque. Une présence, peut-être ? Je déteste me mêler aux autres, mais si au final, ce « manque » était lié à de la solitude ? Je parle à beaucoup de monde, sur les réseaux sociaux et les jeux. Mais dehors de ça... J'ignore presque ma propre famille. J'ai commencé à essayer d'avoir le rythme de sommeil adéquat pour faire en sorte de ne pas les voir, ou les entendre le plus possible. Je dors le jour, et la nuit, je joue ou je sors en cachette. Ça, c'est vite devenue une habitude, de sortir la nuit. Je ne vais pas très loin, je m'arrête simplement au 7/11 le plus proche pour me prendre une boisson glacée. C'est une addiction, depuis quelque temps. La glace peut procurer une sensation bien particulière. Dans un temps, la première gorgée te fait simplement frissonner, et la glace monte à ton cerveau pour le geler complément. C'est douloureux, mais qu'est ce que ça fait du bien ! Ça me permet en quelque sorte d'avoir de nouveau les idées claires, de ne plus avoir de pensées noires, de ne plus avoir constamment envie d'abandonner pas mal de choses... Voir tout. Je ne pense pas faire de dépression ou autre, mais des fois, j'ai réellement le ressenti d'avoir besoin de tout lâcher. Mais bon, je serais trop peureux pour faire ça, alors n'y pensons même pas, ce n'est pas la peine.
J'ai parlé avec quelqu'un aujourd'hui, d'ailleurs. J'étais justement en train d'effectuer une de ces récurrentes balades nocturnes, quand on s'est adressé à moi, de la plus simple des manières possibles. Je ne comprends pas grand chose au Thaïlandais, mais j'ai réussi à répondre à la jeune fille en question sans avoir trop de mal. On a échangé pendant quelque temps et, sans savoir pourquoi j'ai un peu trop parlé. Je lui ai parlé de ce « manque », je lui ai dit que mon meilleur ami me manquait, que j'avais l'impression d'être un zombie qui passe ses journées à dormir et ses nuits à boire des boissons caloriques. J'ai cru comprendre qu'elle avait deux frères jumeaux, c'est tout. Le thaï, c'est difficile. Bref, avec un peu de chance, on se reverra, ou pas. Bangkok est une grande ville, il ne faut pas rêver quand même.
23/04/2013.On retourne chez nous ! Enfin, quand je dis chez nous, c'est à Séoul. Car finalement, Séoul l'est au même titre que Bangkok et Shangai... Mon père a encore été muté, mais au japon, cette fois. Lorsqu'il nous l'a dit, Sae Ra a été la première à formuler une objection en exposant l'avis de chacun d'entre nous. Il était clair que personne ne voulait encore bouger et changer de mode de vie pour la troisième fois. Maman restait silencieuse, au bout de la table, et Mei Lin écoutait sans rien dire. Notre ainée a continué à crier avant de donner un puissant coup sur la table. Je ne pouvais pas m'empêcher de serrer les poings, en hésitant à prendre la parole, moi aussi. Au bout de dix bonnes minutes de débat, tout le monde réfléchissait de son côté, et c'est à ce moment précis que j'ai dit ce que je voulais à mes parents, pour la première fois de toute ma vie.
« Je veux retourner à Séoul. »
Jusqu'à maintenant, ils étaient persuadés que j'acceptais notre situation sans trop de problèmes, simplement, car je n'avais jamais eu le courage de tout avouer. Mais c'était la bonne opportunité, car je savais que mes sœurs, et même ma mère pensaient la même chose. Bae avait grandi à Shangai, lui, alors il n'avait jamais réellement éprouvé le besoin de retourner là ou il était né.
C'est comme ça que l'on a décider de retourner en Corée du Sud pour vivre chez le petit ami de Sae Ra, avec Mei. Il a un an de plus qu'elle et il possède un appartement assez grand pour pouvoir nous héberger pendant au moins un an. Mei Lin va être réinscrite au collège, quant à moi... Je vais penser à trouver un travail à temps partiel. J'ai beau avoir presque dix-huit ans et aucun diplôme, je suis absolument sûr que je pourrais trouver quelque chose, pour économiser, au moins. Mei à même promis de m'aider pour mon cv, alors il n'y a aucun doute sur le fait que je me fasse embaucher quelque part !
On retourne chez nous dans deux semaines... C'est court, finalement. Il va falloir que je dise adieu à Bangkok avant d'y aller, il semblerait que je me sois plus attaché à cette ville que prévu. À force de sortir la nuit, j'en connais tous les petits recoins un peu cachés et tous les emplacements de supérettes !
Bref, tout ça va me manquer. »
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不能放过我的梦想。
Un nouveau soupir, puis, tu avais constaté qu'il ne restait plus que quelques pages... Tu te souvenais que ce carnet avait été fourré dans un carton avant ton départ pour Séoul, et qu'il n'avait été ressorti que très longtemps après. Les pages suivantes, tu les avais remplies trois ans auparavant, alors que la plus belle chose venait de t'arriver.« 2015... Séoul.Je suis retombé là-dessus, en rangeant mes anciennes affaires... Que dire... À part sue relire tout ça était hautement embarrassent et que je suis clairement en train de me faire la conversation en écrivant ? C'est gênant... Mais voir tout inachevé est assez triste, il faut dire. Donc, pourquoi pas continuer un peu ?...
Voilà ce qu'il s'est passé deux ans auparavant.
En revenant à Séoul, j'ai pu redécouvrir la ville dans laquelle j'avais grandi, et il faut dire que tout a changé ! Hongdae possède bien plus de buildings qu'avant, et la maison voisine de la notre s'est transformée en café. C'est un peu surprenant de voir que les choses peuvent autant changer... Les choses changent, les gens changent aussi. J'ai changé, pendant toutes ses années. Et il y a deux ans, quand j'ai revu Maël, il n'a absolument pas manqué de me le rappeler ! Il a dit aussi que je n'avais pas grandi, question de taille. Je ne le sais que trop bien, mais je n'ai pas oublié de lui mettre ce coup dans les côtes, comme je faisais avant quand il se permettait de me faire ce genre de réflexions. Tout ça m'avait manquer. On a pu rattraper le temps, en quelque sorte, réapprendre à se connaître. J'ai pu constater à quel point il dansait bien, aussi ! Je m'en doutais, mais je ne l'avais pas encore vu de mes propres yeux, et il faut dire qu'il sait comment épater les gens. Il sait comment s'approprier la danse, et comment effectuer des mouvements parfait. Je me suis beaucoup remis en question, en le voyant. En huit ans, il avait réussi à se spécialiser dans un milieu, alors que je n'avais fait que ruminer, sans même passer mes examens.
Je sais chanter, sûrement, et jouer du piano, mais en dehors de ça...
L'année dernière, il m'est arrivé quelque chose d'un peu trop fou. J'ai toujours aimé chanter, mais je n'avais pas sérieusement pensé à en faire mon métier. Et pourtant... À partir d'une simple vidéo postée sur les réseaux sociaux par Mei, on m'a fait la plus belle proposition de ma vie. Je ne connaissais totalement rien à l'idoling à ce moment-là, j'ai toujours préféré les petits artistes underground aux grands groupes commerciaux, et je ne connaissais les grandes agences que de noms. La Joy Play était l'une d'entre elles, la plus grande de toute, celle dominant le marché. Il y a des gens qui rêvent de l'intégrer en y dédiant toute leur vie, et moi, une personne lambda, ai réussi à me faire repérer via un simple post instagram sur lequel on me filmait en train de chanter. Un pur hasard, une chance hors norme... Et pourtant, j'ai failli laisser filer cette chance. J'ai toujours voulu faire de la musique, oui, mais l'idée de danser sur scène devant des milliers d'yeux en train d'observer, de juger, me rebutait assez. Maël était doué pour le faire, mais pas moi. Pourtant, c'est lui qui m'a encouragé à accepter la proposition des agents et à débuter quelque chose dans un monde dont je ne connaissais totalement rien. C'était quand j'y repense. Les entraînements ont été si difficiles, pendant ces trois mois, ces trois uniques mois où j'ai pu apprendre de nouvelles choses. Le travail acharné, notamment, et le fait de ne plus sentir ses jambes après avoir dansé pendant trois heures consécutives. J'ai toujours été mauvais en danse, mes visiblement l'agence veille surtout sur mes capacités et mes techniques vocales qui se sont vues grandement améliorées pendant ces trois mois...
Et on a débuté. On était six à partager ce rêve, six gars un peu perdus qui avaient trouvés un but commun. Parmi eux, il y avait Maël. Le meilleur ami que j'avais retrouvé quelque temps plus tôt.
Ça fait un an, aujourd'hui. Factory a débuté depuis un an ! Il nous reste beaucoup de choses à apprendre, je pense, on doit encore se développer. Mais on continuera d'avancer à six. »
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我找到了我的光。
C'était la dernière page. Après ça, le vieux carnet se transformais en vide infini. Un vide infini représentant certainement un futur incertain. Mais le fait d'avoir peur, de ne pas savoir ce que te réservait la journée de demain, cette incertitude... Cela te plaisait. Les derniers mots que tu avais inscrits ici dataient de trois ans, et depuis, un frère vous avaient quitter, mais deux vous avaient rejoins. L'affaire Seo Jin Sil ne t'avait pas réellement affecté, tu avais juste envie de soutenir ton ancien leader dans ses peines, malgré le mal qu'il avait pu vous faire. Et surtout, tu avais envie d'avancer avec Factory, et les deux membres qui l'avait remplacé : Su Han et Leo.
Sans vraiment réfléchir, tu attrapas alors un stylo qui traînais sur ta table de nuit, et tu commenças à graver quelques chiffres, puis quelques lettres...
« 10/08/2018.
FACTORY. »
C'était la seule chose, et surtout, la dernière que tu avais envie d'inscrire ici. Le présent compte toujours plus que le passé, c'était la signification de ce mot, pour toi.