« Il a le diable dans le coeur, Satan au fond des yeux et Hadès dans son âme noircie par le mal. »Le feu des projecteurs qui illuminaient la scène devant lui, il l'horripilait. Réellement, cette lumière aveuglante lui donnait envie de vomir, et ça, même si elle mettait en valeur les courbes de femmes belles comme le jour. D'un geste rageur, le garçon de tout juste vingt-deux ans se leva, sortant de cette boite de strip-tease nulle à chier, dans le même état que quand il y était rentré : aigri, en colère et surtout ennuyé. Réellement, il se sentait vide de sens, même si cela ne changeait pas de la Corée. L'air frais de la nuit lui fait du bien, alors qu'il lève les yeux vers le ciel, n'apercevant que le reflet des lampadaires. De toutes façon, les étoiles, c'était surcoté. Son regard finit par atterrir sur une des nombreuses vitrines des boutiques de New-York. Son reflet s'y détachait, et les yeux noirs du garçon cherchèrent les perles obscures sur la vitre. Un sourire narquois se dessina sur les lèvres.
Y'avait pas à dire, même à des milliers de kilomètres de chez lui, Seon Jin Sil en imposait.
Un dernier regard à son reflet suffit au garçon, alors qu'il passait une main dans ses cheveux bruns. Même s'admirer devenait lassant. Il savait que mère nature l'avait gâtée, réellement, mais c'était lassant, ennuyant d'obtenir tout ce qu'il voulait. De sembler si parfait quand on était pourri de l'intérieur. Mais le jeu résidait aussi en cela, en cette magie qu'il avait de se faire passer pour l'innocent agneau.
Ce qu'il n'était pas. Mais à vrai dire, personne ne le savait.
Enfin, pas tout à fait, il y avait bien une personne mais la simple pensée du garçon qui partageait sa date de naissance, son nom et une partie de ses traits suffit à tirer un cri rageur au garçon, tapant aussitôt dans une canette abandonné au milieu de la rue. Voilà, il avait bousillé sa soirée en pensant à No Ram, ce pauvre type qui était son jumeau. Sauf que comme à chaque fois, comme depuis qu'il a envoyé l'autre Seon en prison, pour un acte dont il était l'auteur, Jin Sil arriva pas à chasser ses pensées, elles restaient focalisées sur lui. Il n'a pas d'autres choix que de revivre, que de repenser à toutes les choses qui font qu'il déteste son jumeau plus que tout autre chose sur cette terre de malheur.
Tout avait commencé quand il était né, quelques dizaines de minutes après lui. À vrai dire, il s'en rappelait même plus. Mais le fait été qu'il avait toujours été là, toujours présent à ses côtés, et ça, même petit, même enfant, ça avait insupporté le garçon, le rendant fou. La manie que No Ram avait de le coller, la façon dont il attirait tous les regards à lui, alors que les adultes devraient le regarder lui, Jin Sil, ça avait été l'implantation de la graine de la colère, de la jalousie, dans le cœur encore innocent à cette époque.
Rien ne c'était arrangé en grandissant. No Ram, il avait rapidement montré des talents en chant, en danse. Jin Sil, ça ne l’intéressait pas au début, lui, il aimait moins faire le spectacle quand il était petit. Il voulait qu'on le remarque pour ses efforts, son travail à l'école, et si c'était le cas, c'était toujours moins que son jumeau. Parce que son père, c'était le PDG d'une agence de divertissement, parce qu'il voyait le potentiel de son garçon. Parce que sa mère, c'était une douce femme qui aimait la musique et qui encourageait ses enfants à le pratiquer, No Ram plus encore, parce qu'il était à ses côtés quand elle était trop malade pour bouger, alors que Jin Sil, il bossait dans sa chambre. Cette attention pour la pauvre tête de nœud qu'était son jumeau, c'était trop, trop pour le garçon. Il était aimé, mais pas comme il le voulait. Sauf que Jin Sil, il obtenait toujours ce qu'il voulait.
Alors doucement, insidieusement, il a commencé à détruire la réputation de son jumeau à l'école. Depuis la primaire il s'y attelait, corps et âmes, l'air de rien. Faut dire que No Ram, il le cherchait aussi, à s'isoler. Lui, il avait déjà compris comment ça marchait les relations humaines. Il était au-dessus des autres et ces pauvres cloches l'écoutaient et buvaient ses paroles comme s'il était le messie. Il le croyait quand il disait à neuf ans, qu'en dehors des cours, son jumeau c'était une terreur des bacs à sables. Qu'il s'amusait à tirer les cheveux des filles et taper les garçons qui l'embêtait trop. C'était la même rengaine, quand, alors qu'ils entraient dans les années supérieures, toujours dans la même classe, il présentait No Ram comme un fou furieux, qui se plaisait à suivre les filles pour les taper, à racketter les plus jeunes. C'était la même mélodie qui sortait de la bouche de Jin Sil, pire que la parole du diable et pourtant ils gobaient tout.
Mais c'était pas suffisant. Pas pour le garçon qui en voulait toujours et qui, au final, n'avait pas eu ce qu'il voulait : un peu plus de reconnaissance de ses parents, surtout de sa mère. Son père voyait les efforts de Jin Sil, l'encourageait. Mais eu final, sa mère, elle ne voyait que le talent pur de No Ram pour l’artistique, elle ne voyait que lui et Jin Sil disparaissait derrière. Sauf que ça le rendait fou. Il était certain de pouvoir faire aussi bien que son jumeau, voir mieux. Il faisait toujours tout mieux que lui, n'est-ce pas ? Mais la motivation n'était pas là. Il ne voulait pas perdre son temps avec des futilités musicales comme il le disait. Son but, c'était récupérer l'agence de son père, devenir PDG à sa place plus tard. Parce que gérer, il adorait. Mener les gens par le bout du nez, se faire obéir, c'était un de ses plaisirs dans la vie.
Puis il entendit No Ram, pendant l'été de leur quatorze ans. Il parlait avec leur mère et naturellement, Jin Sil avait écouté au porte. Le sourire que l’adolescent avait abordé en entendant le rêve de son jumeau, il aurait fait peur à n'importe qui, la lueur dans ses yeux aussi. Mais il n'y avait personne pour le voir. Mais la décision était prise : il allait voler le rêve de son frère, et même mieux, faire bien meilleur que lui.
Les trois mois qui suivirent furent le temps nécessaire à Sil pour apprendre les bases de la danse, du chant, du rap. Il n'y avait aucune passion derrière, juste une froide lueur calculatrice, juste une envie dévastatrice. Et finalement, il auditionna, dans l'agence de leur père, la JOY PLAY. Bien évidement qu'il fut prit et le soir-même alors qu'il poussait la porte de la maison familiale, il n'avait put s'en empêcher, de narguer No Ram. De lui faire miroiter que lui avait réussi, lui avait eu assez de courage pour faire ce qu'il ne faisait pas. Et ça le faisait triper de voir le visage défait de son jumeau. Sauf que c'était pas suffisant, il n'était que trainee. Pour Jin Sil, il n'avait pas encore anéantit tout ce qui rendait son frère heureux, il ne lui avait pas enlever l'amour inconditionnel de leur mère, amour qu'il n'avait pas. Oh elle l'aimait. Pas comme il le voulait. Son père, grâce à son audition, il l'avait à ses côtés à présent. Mais le garçon il n'avait toujours voulu que le regard fier, que le regard rempli d'amour de sa mère sur lui, le même regard qu'elle adressait parfois à No Ram, quand il ne le voyait pas, mais que Jin Sil observait. Le même regard, mais pour lui.
Les deux ans qu'il suivirent, Jin Sil se tint relativement à carreaux. Oh, il détruisait toujours la réputation de No Ram mais avec ses activités de trainee, et bien que cela l'agace car il n'avait aucun plaisir à passer des heures dans une salle. Pourtant, il était doué le garçon. Quand c'était lui qui faisait, ça semblait si simple alors que d'autres galérait. Ce qui amusait Jin Sil, bien évidemment. Il n'avait jamais été comme ses autres idiots. Il était au-dessus et encore une fois, il le prouvait. Non, s'il semblait tranquille, il réfléchissait juste à comment faire plonger son frère, à comment lui enlever totalement l'amour de leur mère, et la fierté qu'elle avait pour lui, tout en se cassant de l'industrie musicale. Parce que doué ou non, Jin Sil se faisait chier dans ce milieu, si facile, qu'il ne comprenait pas, bien trop terre à terre pour ça. Parce qu'il avait un coeur de glace, un coeur rongé par l'amertume, la colère et la jalousie. Il n'était que de la colère à l'état pur, de l'égoïsme et rien d'autre.
Mais même avec ce panel d'émotion négative, Jin Sil atteint son but : il débuta dans un groupe, comme le leader : les FACTORY. Sa joie, elle avait été réelle à l'annonce de ses débuts, de sa lancée dans le monde musical. parce qu'il avait réussi à voler le rêve de son frère. Et en plus, il récupérait le rôle qui lui permettait de diriger ni vu, ni connu les autres membres, et ça, sans être le plus vieux. Sauf que ça avait rien fait à son frère, parce que leur mère allait plus mal et qu'il était concentré sur elle. Le goût amertume de la défaite sur la langue, le garçon il avait quand même avancé. Mais il n'abandonnait pas, loin de là.
C'était triste de voir comment certaines personnes intelligentes peuvent faire les pires des choses par dépit, par colère ou par jalousie. Jin Sil était de ce type de personne et il l'était toujours à vrai dire. Alors forcément, il n'allait pas s'arrêter en si bon chemin. Il avait voler une partie du rêve de son frère, mais il ne l'avait pas encore dégoûté à l'idée de debut, il ne lui avait pas tout prit. Il n'avait toujours pas l'amour qu'il voulait de sa mère. Et juste pour cela, Jin Sil ne pouvait pas s'arrêter.
Cela lui prit quelques mois, mais il réussit à trouver ce qu'il voulait faire. L'application de ce plan, qu'il jugeait parfait et qu'il l'était plus que certainement elle dura pendant un an. Jusqu'à ce que tout éclate. Ce jour-là, Jin Sil, il s'était réveillé tranquillement, s'était étiré et était en train de petit-déjeuner quand la police avait toquer au dortoir des FACTORY pour l'arrêter. Si les autres membres avaient paniqués, le leader était resté calme. Il était toujours de cet insupportable sang-froid de toute façon. Il les avait suivit au poste et de là, il avait fait ce qu'il savait si bien faire : mentir et jouer avec les autres. Les allégations d'avoir acheter de la drogue ? Elles étaient plus que vraies, le garçon aimant ce petit plaisir. Mais est-ce qu'il avoua ? Non, bien au contraire. Il accusa No Ram, disant que lui ne pouvait être là puisqu'il avait toujours un alibi. Au contraire de son jumeau. Un plan rondement mené, qui lui avait prit du temps mais qui paya.
Parce qu'au final, ce fut No Ram qui finit dans la cellule de prison, pas lui. Oh, le scandale avait été tel qu'on l'avait obligé à quitter les FACTORY. Mais ça ne gênait pas plus Jin Sil que ça, l'industrie musicale, c'était qu'un jeu pour lui. Alors, s'il pouvait se casser ce serait cool. Mais là où Jin Sil aurait dut être heureux, là où il pensait récupérer l'amour que sa mère donnait à son jumeau pour lui, il se retrouva avec rien de tout ça. Sa mère, elle semblait détruite par l'histoire n'arrivant même plus à regarder l'autre enfant Seon en face. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle regarda Jin Sil. Au final, il avait fait ça pour rien et ça le rendait fou. Il n'était pas assez important, il n'était rien à part un immonde connard. Sauf qu'au final, quitte à n'être rien, autant l'être avec panache, autant l'être en faisant tourner le monde autour de son petit doigt.
Ce fut cette résolution qui firent partir Jin Sil aux États-Unis, après une demi-année à essayer d'attirer le regard de sa mère, un mini-album solo raté et des fans fous à n'en plus finir. Tout ça, ça le lassait, tout ça, ça lui donnait envie de révéler qu'il n'était pas le petit agneau qu'il semblait être, et c'était hors de question. Puis, ce n'est pas comme ci la musique allait lui manquer, ni la danse. Alors, oui, il pouvait se permettre de se barrer loin, pour autant de temps qu'il voulait, fortement appuyé par son père, qui voyait les ennuis se profiler pour son groupe fard.
Mais maintenant ? Maintenant Jin Sil, il claquait la porte de son apaprtement de luxe dans New York, un soupir lourd sur les lèvres. Penser à tout cela, ça l'avait énervé, histoire de changer. Cela lui avait rappeler qu'il n'était rien ici, qu'il n'avait rien à faire et qu'il se faisait royalement chier. Sauf qu'il en avait marre, qu'il souhaitait plus que tout retourner en Corée, faire un retour triomphant et leur rappeller qui il était. Un garçon avec lequel on ne rigolait pas, un garçon qui aimait se faire mousser. Un garçon qui brillait sous le feu des projecteurs même si il se mentait à lui-même en disant qu'il n'aimait pas ça. Les productions sur son ordinateur en était la preuve.
Oui, Jin Sil en avait marre de New York et un sourire carnassier ornait ses lèvres alors qu'il finissait l'achat de ses billets. Un aller-simple vers la Corée du Sud, pour lui et toutes ses bagages.
Il était de retour, après un an et demi. Tout le monde le saurait bientôt.