Née dans sa prison dorée à quelques kilomètres de Séoul, fille d'un entrepreneur coréen et d'une actrice japonaise, dès qu'un prénom lui fut attribué, ce fut aussi tous les espoirs qui s'écrasèrent sur sa jeune vie. La cuillère en or n'irait certainement pas sans le prénom prestigieux pour elle, évocateur d'un avenir forcé vers les étoiles, sans se demander si elle serait plus du genre à vouloir profiter des nuages et de la brise.
Oisillon ayant étudié à la maison, fille chérie de ses parents qui pourtant ne furent jamais vraiment présents dans sa vie, elle eut le loisir de voleter dans cet immense manoir qui était le sien toute son enfance. Créature candide, qui, haute comme trois pommes, désirait voir le monde, explorer plus que tout, retournant le mystérieux grenier en quête de tous ses secrets.
Petit sucre des domestiques qu'elle aimait tous plus les uns que les autres, petite rainette favorite de son papi qui l'emmenait tous les week-end à l'étang voir les grenouilles, choyée par ceux qu'elle rencontrait, c'était l'enfant parfaite, douce, intelligente et curieuse.
Malgré tout, tout son univers se résumait à des adultes, et il lui arrivait de se sentir seule, manquant d'une présence plus de son âge, se demandant comment elle pourrait avoir des ami-e-s qui comme dans les livres, ne la laisseraient jamais tomber.

Âgée d'un peu plus de huit ans, pistonnée par sa chère mère, elle fit ses débuts au théâtre, puis au cinéma. Son monde devint des emplois du temps surchargés, et elle ne trouvait refuge que dans les sorties avec son cher grand-père, toujours à ses côtés.
Kyong Hee, elle était née pour briller, et pour rendre ses parents fiers, elle était prête à tout. C'était son destin après tout, non ? Elle était une étoile.
Et l'espace d'un instant, elle prit du plaisir aux applaudissements, prit goût aux félicitations de ses parents, enivrée par les mille couleurs et lumières qui étaient maintenant son monde.

L'oisillon qu'elle était, elle n'aimait ni être seule, ni le silence. Elle n'aimait pas cette petite cage qui était la sienne, ce qu'elle était, mal à l'aise avec les compliments qui disaient d'elle oh, tant de choses..! Une actrice formidable ? Mais était-ce vraiment ce qu'elle elle voulait ?
L'adolescence est une période terrible, et comme beaucoup elle se retrouva elle aussi perdue avec elle-même et les autres. Qui était elle ? Que voulait elle ? Pourquoi avait elle fait ce qu'elle avait fait jusque là ?
Parce qu'elle n'avait toujours pas trouvé d'amis de son âge, c'est son papi qui fit office de confident, supporta ses caprices comme il l'avait toujours fait, et assista aux premiers sursaut de ce qui allait être l'aster des Myosotis.

Guitare électrique branchée sur le plateau d'un énième film, face au micro d'une scène au public factice, l'adolescente de dix-sept ans avait joué son ultime rôle. Le rôle d'une gamine capricieuse et égoïste, avide de liberté à travers ses idées désordonnées, apportant le chaos autour d'elle, reflet au final de ce qui se passait dans le coeur de Kyong Hee à l'époque.
A la fin du tournage, elle annonça abandonner sa carrière d'actrice à ses parents, à l'immense déception de ceux-ci, qui se demandèrent alors ce que leur fille pourrait bien faire d'autre de sa vie... Pour le père, il était évident qu'elle devait venir travailler à son entreprise avec lui... Mais ce n'était pas son idée.
L'oisillon venait d'ouvrir ses ailes.

Avec la complicité de son grand-père et des domestiques, Kyong Hee passa en secret les auditions pour la Merryround Entertainment quelques mois plus tard avec la ferme intention de devenir trainee. Idée fugace qui lui était venue, rêve trop longtemps gardé qui d'un coup la submergeait... Comment résister à l'occasion ? Il fallait la saisir si elle se présentait !
Un coup de téléphone avait définitivement fait prendre un nouveau tournant à sa vie alors que le regard de sa mère se portait sur elle, refusant de croire ce que sa parfaite petite fille avait fait derrière son dos et sans demander de permission... Tant pis, il fallait bien être punie au moins une fois avant la majorité, n'est ce pas ?

Devenu plus proche de ce qu'elle aspirait à être, Kyong Hee ne renoua avec sa mère qu'après ses dix-neuf ans, restant toutefois quelques peu en froid avec son père. Non pas qu'ils se détestaient d'une quelconque manière, il ne comprenait juste pas son choix, le trouvant puéril, peu réfléchit, voir issu d'un caprice d'enfant, et elle avait choisit de ne pas l'écouter.
Les petites victoires s'accompagnent aussi de défaite, et c'est sur la tombe de son grand-père que Kyong Hee jura définitivement de poursuivre ses rêves en son honneur. Si on avait décidé de croire en elle, alors elle avait le devoir de réussir !

Regard vers l'avenir, sourire aux lèvres, l'oiseau libre a pris son envol. Pour aller où ? Peu importe. La brise est douce, et son cœur gonflé d'espoir. La voici membre d'un projet avec une ancienne gagnante de ProduceU, et le futur lui donne plus qu'elle en demande.
Le meilleur est à venir.